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A Travers le Monde – Chapitre 7

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Chapitre 7

Shani venait de percuter quelqu’un en dansant. Par réflexe, elle s’excusa.

« Oh zut pardon ! Je suis déso-… hein ? 

— Salut Shani, ça faisait un bail.

— Kashyl ?! » s’étrangla la mage, se redressant sur ses pieds. « Qu’est-ce que tu fabriques ici ?

— C’est drôle parce qu’en fait, en plus de venir acheter des plantes, je vous cherchais Arte et toi.

— Tu nous cherchais ? » répéta Arte, s’approchant avec un air suspicieux. « En quel honneur ?

— On m’a demandé de vous escorter durant votre voyage.

— Alors tu peux repartir parce qu’on ne rentrera p… attends, nous escorter ?

— Oui, vous servir de garde du corps quoi. »

Les deux sœurs se regardèrent et éclatèrent de rire. Kashyl était un dralisien de la tribu des Sauveurs, un herboriste avec un corps qui ne pouvait que le faire paraître fragile.

Kashyl se renfrogna un peu.

« C’est ça, marrez-vous, mais le jour où vous serez dans la merde, vous serez bien contentes de m’avoir !

— Oui, bien sûr, le jour où il pleuvra des roches !

— Vous savez qu’il n’y a pas que la force physique qui compte dans un combat ? Le cerveau est bien utile. Et si ça ne fonctionne pas, il reste les poisons.

— Là tu es flippant. »

Arte acquiesça tandis que Kashyl haussait les épaules.

« Si ça vous fait plaisir. Enfin, quoi qu’il en soit, je ne vous laisse pas le choix. Vous avez causé une sacrée pagaille en partant, enfin, surtout toi Shani. Et Arte qui au lieu de te ramener t’accompagne… Mais on ne peut décemment pas laisser deux jeunes femmes voyager seules.

— Tu sais ce qu’elles te disent les deux jeunes femmes ?

— Range ton poing. De toute façon, vous n’avez que deux solutions : me laisser vous accompagner dans votre voyage… ou rentrer à Dralis avec moi. »

Les deux sœurs se regardèrent et déglutirent. Visiblement, elles n’avaient pas le choix.

« C’est du chantage.

— Oui.

— Et il ne s’en cache même pas. »

Les sœurs soupirèrent et acceptèrent de mauvaise grâce qu’il les accompagne, n’ayant pas d’autre alternative afin de poursuivre leur voyage. Satisfait, Kashyl proposa de reprendre la fête et tous les trois burent et dansèrent jusque tard dans la nuit.

 

Les jours suivants, Kashyl les passa à faire ses emplettes avec les deux filles pour être certain qu’elles ne partiraient pas sans lui. Et il eut bien raison, car elles avaient sérieusement songé à le faire plusieurs fois sans trouver l’occasion d’exécuter leur plan. Dépitées, elles se firent une raison et décidèrent de le garder, après tout peut-être qu’il leur serait utile à un moment.

Un soir, alors que le trio regagnait l’auberge, ils entendirent des cris. La place principale où ils se trouvaient tomba sous un silence lourd, chacun se demandant ce qu’il se passait. Les regards se croisaient, interrogateurs, comme si la réponse allait venir de l’un d’entre eux. Et puis une explosion retentit, soufflant une partie des toits et des étalages. Cela incita chacun à se mettre à terre pour se protéger, mains sur la tête. Les personnes présentes se regardèrent de nouveau, se demandant ce qu’il se passait, et tandis que certains commençaient à se relever, une foule arriva en courant et criant. Dans le tumulte, Arte put entendre parler d’une attaque et qu’il fallait fuir.

« Bon sang, il faut quitter la ville !

— Quoi ?

— Tu n’as pas entendu ? Elle est attaquée ! Il faut qu’on parte !

— Allons dans la forêt avec les autres, on pourra y perdre les assaillants s’ils nous suivent. » déclara Kashyl.

Aidant les deux filles à se relever, il amorça le mouvement pour suivre la foule. Shani et Arte le suivirent, bousculées par les habitants cherchant à fuir eux aussi. L’écho des pas de courses se répercutaient en un bruit assourdissant sur les murs des maisons les entourant. Une fois à l’orée de la forêt, Shani s’arrêta brusquement et se tourna vers la ville.

« Je dois y retourner.

— Quoi ?! Tu es folle, tu ne peux pas !

— Ten-xi est là-bas, je dois aller le chercher !

— Si tu y vas, tu te feras tuer ! »

Arte agrippa le bras de sa sœur de toutes ses forces, l’empêchant d’avancer.

« Lâche-moi Arte ! Je dois aller le chercher !

— Non, je ne te lâcherai pas !

— Arte, lâche-moi ! » cria Shani.

Elle se débattit et alors qu’elle se libérait de sa prise, un violent coup à l’arrière de la nuque l’assomma. Kashyl l’attrapa avant qu’elle ne chute et la porta sur son épaule. 

« On y va Arte.

— Qu’est-ce que tu lui as fait ?!

— Tu aurais préféré que je la laisse y retourner ? »

Face au silence de l’aînée, Kashyl poursuivit.

« Bien, alors on y va. On s’éloigne le plus possible de cette ville et on la contourne. Vous vouliez aller à Tuan, alors passons à Zheng-xi prendre des provisions et longeons la côte. »

Arte ne put qu’acquiescer et suivre Kashyl, regardant Shani avec culpabilité. Ils marchèrent durant des heures, se séparant de la foule pour atteindre le village de Zheng-xi. Il ne semblait pas avoir subi d’attaque et cela rassura les dralisiens.

« Arte, vas-y, je reste ici avec Shani.

— Mais…

— Je ne suis pas sûr qu’il apprécie de voir un homme avec une femme évanouie sur l’épaule.

— Oui… d’accord, j’y vais… »

Arte alla au village et frappa à la porte de l’auberge. Elle négocia longtemps, mais réussit à avoir gain de cause et obtint des vivres pour quelques jours en échange d’une petite bourse d’argent. Ainsi elle retourna chargée auprès de Kashyl.

« C’est bon, partons. »

Celui-ci hocha la tête et ils se mirent en route pour s’éloigner le plus possible de la capitale. Cependant, la fatigue les gagna et les força à monter le camp. La plaine était calme, ils n’entendaient aucun bruit ce qui, loin de les rassurer, les maintint sur leurs gardes toute la nuit.

 

Shani s’éveilla au matin la tête douloureuse. Elle se massa la nuque et regarda autour d’elle, cherchant à remettre son esprit en marche. Ses yeux tombèrent sur Arte endormie près d’elle et cela lui remit en mémoire la scène de la veille.

« Ten-xi ! »

Elle se leva et sortit en trombe de la tente. Shani constata avec horreur qu’elle ignorait totalement où ils étaient.

« C’est pas vrai !

— Tiens, Shani, te voilà réveillée !

— Toi ! Espèce de sale… »

Shani attrapa Kashyl par le col. Ses yeux brûlaient de colère et elle se sentait capable de le tuer.

« Pourquoi tu m’as assommée ?!

— Parce que sinon tu serais partie te jeter dans les flammes, petite idiote.

— Je ne t’ai rien demandé !

— Toi non, mais tes parents si. Je dois te protéger et c’est ce que je fais. »

Le regard détaché de Kashyl insupporta Shani qui ne le lâcha que pour lui coller son poing dans le visage. Le dralisien recula de quelques pas sous le coup, ne s’étant pas attendu à une telle force de sa part.

« Bon sang ! J’aurais pu aller chercher Ten-xi et m’assurer qu’il était en sécurité !

— Et tu aurais pu te faire tuer en chemin.

— Je m’en fous putain !

— Et Arte, tu y penses ? Et votre famille ? Tu crois qu’ils s’en foutent eux ? »

Kashyl plongea son regard dans celui de Shani. Celle-ci, ne trouvant rien à répondre, mais toujours folle de rage, frappa de nouveau l’herboriste. C’est à ce moment qu’Arte sortit de la tente, alertée par les cris. La voyant du coin de l’œil, Shani tourna son visage empreint de colère vers elle. Arte baissa la tête, coupable.

« Vous deux… ne m’adressez plus la parole. »

Essuyant rageusement ses larmes, Shani se mit en marche vers la capitale. Arte la regarda faire puis regarda Kashyl.

« Je suis désolée…

— C’était prévisible. Levons le camp et suivons-la. »

Ils rangèrent la tente rapidement et rattrapèrent Shani, bien que restant à un mètre de distance. Arte regarda Kashyl, perplexe, et celui-ci haussa les épaules. Shani, malgré son envie d’y aller, ne se dirigeait pas vers la capitale, mais cela, ils se gardèrent bien de le lui dire.

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