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A Travers le Monde – Chapitre 6

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Chapitre 6

En ayant assez de ne voir que des livres – bien qu’elle adorait ça – Shani se décida à accompagner Arte pendant sa visite du jour. Cette dernière, ravie, lui expliqua qu’elle comptait sortir du centre pour voir le reste de Hua-xi et Shani en sembla ravie. Ensemble elles prirent un copieux petit-déjeuner et sortirent des quartiers animés. Peu à peu, le tumulte du cœur de la ville se fit plus faible jusqu’à n’être qu’un lointain bourdonnement étouffé par les bruits de pas des deux sœurs. Elles croisèrent quelques habitants qui les saluèrent avec une politesse surprenante, mais bienvenue.

Entre les maisons typiques du pays, elles virent quelques stèles étranges. Les deux sœurs s’attardèrent sur la première qu’elles virent. Il s’agissait une pierre d’un blanc pur gravée de signes qu’elles ne reconnurent pas.

« Ça ne te dit rien ?

— Non, vraiment rien… Ça ne ressemble pas aux

tracés magiques et ça n’a rien à voir avec l’alphabet que tout le monde utilise…

— Hum… peut-être qu’ils représentent quelque chose en particulier…

— Ou alors ce sont des pictogrammes d’indication.

— Sur une stèle fleurie ?

— Bah quoi ? C’est possible ! Après tout on ne connait pas tout de la culture xiannoise !

— Mouais. »

Arte ne sembla absolument pas convaincue par les propos de sa sœur, mais n’insista pas, préférant la laisser croire à ses inepties. Mais en reprenant la marche et apercevant d’autres stèles du même genre, l’aînée commença à se demander si au final Shani n’avait pas raison.

Tandis que Shani s’était finalement décidée à dessiner une de ces stèles dans son carnet, un homme assez âgé s’arrêta près d’elles et déposa une fleur de lotus.

« Vous aussi, vous venez demander la protection du Haut-Dieu jeunes filles ?

— La… protection du « odieux » ? Comment ça ?

— Le Haut-Dieu, notre divinité maîtresse, celui qui dirigent toutes les autres.

— Ah ! Le Haut-Dieu ! J’avais compris odieux comme quelqu’un qui est… Non rien… Donc la protection du Haut-Dieu… Alors ces stèles…

— Ce sont des temples de protection, il y en a dans toute la ville. Nous venons y déposer une offrande pour le Haut-Dieu afin d’obtenir ses faveurs et sa protection.

— Je vois… Et ce qu’il y a de graver là, ça veut dire quelque chose ?

— Oui, mais c’est un savoir que nous avons perdu… Il s’agit de l’ancienne langue de Xian-Tia, aujourd’hui, plus personne n’est capable de la lire.

— Vraiment ? Ces stèles ont l’air comme neuves alors…

— Détrompez-vous jeunes filles, elles sont aussi vieilles que notre ville. Ces stèles ont plus d’un millénaire. »

Shani en siffla de surprise.

« Wouah… Ce sont vraiment les pierres d’origine ?

— Oui.

— C’est incroyable !

— Il s’agit là de la preuve de la protection du Haut-Dieu. Le jour où elles tomberont, c’est qu’il nous aura abandonnés.

— J’espère pour vous que ce jour n’arrivera jamais, monsieur.

— Vous êtes bien aimable jeune fille. » répondit le vieil homme à Arte. « Vous me semblez bien intéressées par les stèles… Je vous conseille d’aller voir le temple de Hua-xi, il est très beau et on pourra vous parler un peu plus du Haut-Dieu si cela vous dit.

— Oh, oui, bonne idée ! Pouvez-vous m’indiquer où il se trouve ? »

Arte sortit sa carte de la ville et la présenta au vieillard. Celui-ci indiqua un endroit et elle le marqua à l’encre pour ne pas l’oublier. Après cela, ils discutèrent encore un moment avant que l’homme ne se décide à rentrer chez lui.

« Merci beaucoup monsieur.

— Je vous en prie jeunes filles. J’espère que votre visite vous plaira.

— Ça ne fait aucun doute ! »

Les trois se saluèrent avant que les sœurs partent en direction du temple.

« Tu y crois à cette histoire de stèle millénaire ?

— Pourquoi je n’y croirais pas, Shani ?

— Ça me paraît trop beau pour être vrai…

— Je ne pense pas qu’il nous ait baratinées.

— Non, mais… Laisse tomber. »

Shani se gratta l’arrière du crâne en soupirant. Voilà que maintenant elle voulait faire des recherches sur les Haut-Dieu de Xian-Tia ! Elle se désespérait elle-même à vouloir faire des recherches sur tout ce qu’on lui disait.

 

Au détour d’une ruelle, Arte aperçut ce qu’elle pensa être une échoppe artisanale et indiqua à Shani qu’elle voulait aller y jeter un œil. Mais en s’approchant, elle se rendit compte que c’était un petit musée de l’artisanat tenu par une famille du métier. Curieuses — et encouragées par les propriétaires — les deux sœurs y entrèrent et eurent le droit à une visite guidée expliquant l’histoire de l’entreprise familiale ainsi que son évolution et ses techniques de travail. Arte fut particulièrement intéressée et demanda à Shani de prendre des notes pour elle. Bien entendu, cette dernière s’exécuta, amusée de voir sa sœur ainsi.

En ressortant des lieux, Shani se rendit compte que la matinée s’était terminée. Elles se mirent en quête d’un endroit où s’installer pour manger et dégustèrent leurs vivres en discutant de ce qu’elles venaient de voir. Arte fut tout particulièrement bavarde, ce qui continua d’amuser Shani.

« Finalement, on dirait bien qu’on est fait du même grain de sable !

— Pourquoi tu dis ça Shani ?

— Là, on dirait moi quand j’apprends un nouveau truc !

— C’est vrai ? J’en suis à ce point-là ? »

Shani hocha gravement la tête et Arte fit une grimace.

« Mince… Je suis mal barrée…

— Hey ! »

Shani lui mit un petit coup de coude et les deux rirent d’une même voix.

 

Terminant leur repas, les dralisiennes se remirent en marche en direction du temple. Il leur fut facile de le reconnaître avec ses colonnades de la même pierre blanche que les stèles tranchant avec le reste des bâtiments. Il n’y avait pas de porte pour fermer la grande entrée, mais le toit soutenu par une multitude de colonnes offrait une protection contre le vent et la pluie grâce au couloir extérieur qui entourait l’édifice. Montant les quelques marches qui les menèrent à l’entrée, les deux sœurs hésitèrent à entrer, se demandant si elles en avaient le droit. Un religieux les aperçut et vint vers elles.

« Bonjour mesdemoiselles, que puis-je pour vous ? Avez-vous besoin de prier le Haut-Dieu ?

— Pas vraiment, à vrai dire… On nous a conseillé de venir voir le temple, mais nous ne sommes que des voyageuses alors nous ne savons pas si nous pouvons entrer…

— Tout le monde peut entrer, même si ce n’est pas pour prier nos dieux. Je vous en prie. »

Le religieux s’écarta et les invita à entrer d’un mouvement de bras. Shani et Arte entrèrent en le remerciant. Si l’extérieur était d’un blanc éblouissant, les murs intérieurs étaient couverts de fresques semblant raconter une histoire. En parlant avec le religieux, elles apprirent qu’il s’agissait de l’histoire du Haut-Dieu et des divinités qui l’accompagnait. Il leur conta l’histoire, mais elles ne furent pas très réceptives, ayant leur propre religion. Cependant, Shani nota plusieurs informations dans son carnet pour en garder une trace.

Le tour d’explication terminé, elles remercièrent le religieux et quittèrent le temple. Elles marchèrent au hasard des rues en discutant.

« C’était un beau temple.

— Oui, c’est sûr. On n’a pas ça chez nous !

— Ça serait compliqué de transporter un temple pareil… Et puis le laisser au milieu du désert avec les tempêtes de sable et les animaux qui rôdent…

— Ouais, ce n’est vraiment pas une bonne idée. »

Arte et Shani hochèrent la tête pour approuver leurs paroles. Plus elles avançaient et plus elles s’approchaient du palais de Xian-Tia. En quelques minutes, elles y arrivèrent. De hauts murs les empêchaient de voir le palais correctement, mais de ce qu’elles apercevaient du toit, l’architecture semblait se rapprocher de celle du temple.

« Ça a l’air beau, dommage qu’on ne le voit pas plus.

— Oui, mais c’est logique. Si n’importe qui à une vue sur le palais, ça doit être risqué pour les dirigeants.

— Pas bête. Enfin, j’aurais bien voulu en voir un peu plus quand même.

— Moi aussi, mais bon, pas le choix.

— Hey, vous deux ! Qu’est-ce que vous fabriquez ?! »

Arte et Shani sursautèrent et se tournèrent vers la voix en ayant l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Un soldat en armure de cuir s’approcha d’elles, lance en main, menaçant.

« Qu’est-ce que vous faites à rôder autour du palais ?

— O-on est juste des voyageuses, on visite la ville et a atterri à côté du palais…

— On essayait juste de l’apercevoir, promis ! »

Le soldat fronça les sourcils.

« Des étrangères n’ont rien à faire ici. Déguerpissez ! Que je ne vous revois plus autour du palais sinon je vous envoie dans les geôles ! »

Les dralisiennes ne demandèrent pas leur reste et partirent à toute jambe en direction du centre ville qui n’était pas si loin de là. Une fois de retour dans le quartier plein de vie, elles s’arrêtèrent et reprirent leur respiration.

« Il m’a collé les chocottes !

— Les chocottes, sérieux ? Et pourquoi pas les miquettes ?

— Shani !

— Oui bon… Moi aussi il m’a fichu la frousse ! Pas besoin d’être aussi agressif…

— D’un côté, il ne fait que son travail.

— Pas faux… Vu qu’il commence à faire nuit, on rentre à l’auberge ?

— Oui, on pourrait profiter de la musique pour danser avec les autres pour une fois.

— Vendu ! »

Ensemble, elles retournèrent à l’auberge. Après avoir déposé leurs affaires dans leur chambre, Shani commanda deux verres d’alcool qui lui furent remis en quelques minutes. Alors elle se fraya un chemin jusqu’à Arte lui donna le sien.

« Tiens ! A la tienne !

— A la tienne Shani. »

Elles burent tranquillement puis abandonnèrent leurs verres presque vides sur une table pour aller danser avec les habitués au rythme de la musique. Les dralisiennes oublièrent bien vite l’incident avec le soldat et changèrent de cavalier au fil des chansons. Alors qu’elle tournait, encouragée par l’homme qui lui avait donné l’élan, Shani percuta quelqu’un.

« Oh zut pardon ! Je suis déso-… hein ? »

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