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A Travers le Monde – Chapitre 11

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Chapitre 11

La nuit, bien que bruyante, fut réparatrice pour le trio ; ils avaient en effet réussi à trouver le sommeil malgré les festivités qui se déroulaient à l’extérieur et au sein même de l’auberge. Peut-être que les plantes de Kashyl avaient un peu aidé. Quoi qu’il en soit, ils se préparèrent, se parant d’atours locaux afin de se fondre dans la foule.

Après un petit-déjeuner copieux, ils se séparèrent de nouveau pour arpenter la ville.

Arte partit de son côté avec une certaine impatience. Elle avait beaucoup repensé à la bague et à ce que lui avait dit la vendeuse, si bien qu’elle n’attendait qu’une chose : rencontrer sa grand-mère. Elle avait l’impression d’être un peu Shani avec un tel comportement et cela l’amusait autant que ça la désespérait. Avant même qu’elle ne puisse réellement s’en rendre compte, ses pas l’avaient menée face à l’étalage de son informatrice. Il lui fallut quelques secondes pour se ressaisir et aborder la jeune femme.

« Bonjour hum… Je me rends compte que je ne connais pas votre nom…

— Oh, bonjour ! C’est vrai que je ne me suis pas présentée hier. Je m’appelle Mai-Linh, et vous… ?

— Arte ! Je m’appelle Arte.

— Enchantée, Arte. Ne bougez pas, je vais avertir ma grand-mère que vous êtes là ! »

À ces mots, la vendeuse quitta son poste pour rentrer dans la maison juste derrière elle. Il s’agissait d’une maison parfaitement typique à laquelle étaient accrochées des décorations. Arte patienta en observant un peu ces dernières. Elles lui rappelaient la statue de métal sur le centre de la place. La voix de Mai-Linh la tira de ses pensées.

« C’est bon, ma grand-mère est prête à vous recevoir !

— Oh, super, merci.

— Entrez, elle est dans la pièce au fond du couloir.

— Merci Mai-Linh.

— Je vous en prie, j’espère qu’elle pourra vous apprendre quelque chose ! »

La dralisienne hocha la tête et contourna l’étalage. Elle s’avança et passa à travers le rideau de perles qui servait de porte. A l’intérieur, la décoration était sobre et l’ambiance un peu froide. Très vite, Arte oublia tout du bruit extérieur, avançant de plus en plus vers le fond. Elle traversa le couloir et passa la tête par la porte désignée par la vendeuse. Là, une vieille femme au visage déformé par les rides était assise sur une chaise de bois derrière une table. Elle leva son regard fatigué vers l’étrangère et lui fit signe d’approcher.

« Viens mon enfant, installe-toi.

— Merci madame. » répondit Arte, intimidée malgré elle.

Elle avança et s’assit sur la chaise libre désignée par la vieille femme. Une tasse de thé fumant l’y attendait.

« D’où viens-tu jeune fille ?

— De Dralis madame.

— Oh, pas de ça avec moi. Appelle-moi Grand-mère Ming. Quel est ton nom jeune fille ?

— Arte mad… Grand-mère Ming. » se corrigea-t-elle. « Je m’appelle Arte.

— Enchantée Arte. Alors… comme ça tu es en possession d’une bague particulière… Puis-je la voir ?

— Oui, bien sûr. »

Arte s’empressa de retira le bijou de son doigt et le donna à la vieille femme. Cette dernière sortit des lunettes de sa poche et les ajusta sur son nez, observant la bague qu’elle tenait à quelques centimètres à peine de son visage. Son étude de l’objet dura de longues minutes durant lesquelles Arte oublia presque comment respirer. Enfin, Ming posa l’objet sur la table.

« Et bien… Je dois avouer que je n’aurais jamais pensé voir cet objet de mon vivant. Pour être honnête, je pensais même que ce n’était qu’une légende que les xiannois se transmettaient… Mais on dirait bien que c’est réel.

— Quelle est cette bague, Grand-mère Ming ?

— C’est une clé mon enfant. Mai-Linh m’a dit que tu l’avais achetée à la capitale… Son ancien propriétaire ne devait pas connaître sa valeur pour la vendre comme ça. Je parie que tu l’as eu pour une bouchée de pain. Je m’en doutais. » conclut la vieille dame en voyant Arte hocher la tête. « Et bien tant pis pour lui ! Pour en revenir à cette bague… Comme je te le disais, c’est une clé. Mais pas n’importe quelle clé ! C’est elle qui ouvre la porte d’un temple très ancien. D’après ce que j’en sais, il se situerait au plein cœur des montagnes au centre du pays et protégerait un trésor unique. Seul quelqu’un béni des dieux peut y prétendre.

— Ce temple est religieux ?

— Non, mais il est lié au dieu des morts, même si certains disent que c’était l’antre d’un dragon. Y aller est dangereux, je te déconseille de t’y rendre, car tu pourrais ne jamais en revenir.

— Hum…

— Je vois dans ton regard que tu hésites à balayer mes recommandations. La décision t’appartient, mais n’oublie pas ce que je te dis. Ce temple, si tant est qu’il existe encore, est probablement piégé et habité par des créatures qui n’hésiteront pas à défendre leur territoire.

— Attendez… Vous pensez que le temple pourrait ne plus exister ?

— En effet. Cela faire des siècles qu’il existe. Le temps et les guerres font leur office et même un temple divin ne peut y résister éternellement. Tu risques d’être déçue si tu y vas malgré tout. »

Arte hocha doucement la tête et observa la bague posée sur la table, pensive. La vieille femme la regarda un instant puis se leva.

« Je sens une certaine détermination en toi. Je suppose que je devrais au moins limiter les risques que tu cours en allant là-bas. »

Ming ouvrit un placard et en sortit deux rouleaux de papier abîmés par le temps avant de revenir sur sa chaise. Elle ouvrit le premier parchemin et l’étala sur la table. Il s’avérait être une carte du pays. La femme tapota une zone montagneuse de son index.

« C’est ici que le temple est, au plein cœur des montagnes situées entre Dai-bao et Wan-weng. Après avoir regagné la terre ferme, tu devras suivre le sud. Une fois au temple, la bague sera ton guide. Si tu sais la lire, alors tu atteindras ton but. Puisque cette bague est entre tes mains et que tu as réussi à trouver quelqu’un pour t’en parler, c’est que les dieux doivent penser que tu le mérites. Mais surtout, n’oublie pas : de grands dangers peuvent rôder là-bas. Perdre sa vie pour un trésor, qu’importe sa valeur, n’en vaut pas le coût.

— Oui… Bien sûr. Merci Grand-mère Ming.

— Avant que tu ne partes… prends ça. »

La vieille femme lui tendit le second rouleau de parchemin.

« La légende de ce temple est écrite là-dedans. Je ne sais pas à quel point elle est réelle, mais peut-être que ça pourra t’aider. Et dans le pire des cas, cela te fera une histoire à lire et partager.

— Je… Je peux vraiment le prendre ?

— Bien sûr. Cette histoire est ancrée dans mon esprit et Mai-Linh ne semble pas vraiment s’y intéresser alors autant que tu le prennes. Au moins, il ne pourrira pas dans ce placard.

— Merci beaucoup Grand-mère Ming.

— Allons, allons… Maintenant… Et si nous buvions ce thé et que tu me parlais de ton pays ?

— Avec plaisir ! »

Shani, de son côté, vagabondait, carnet à la main. Son habitude avait repris le pas sur le reste et elle était bien décidée à noter tout ce qu’elle pouvait sur cette fête. Après une phase d’observation, elle alla voir plusieurs habitants, mais peu nombreux furent ceux à vraiment lui répondre, que ce soit par envie ou par connaissance. Frustrée, mais pas découragée, elle se rendit sur la place centrale. Si les hommes ne parlaient pas, peut-être que la statue, elle parlerait ! Au pied de l’estrade, elle commença par redessiner les entrelacs de métal, s’attachant à reporter chaque détail.

Concentrée sur son ouvrage, elle oublia tout de ce qui se passait autour d’elle, s’enfermant dans une bulle. Mais cette bulle éclata lorsqu’elle fut bousculée et due se rattraper à l’estrade pour ne pas s’y assommer. Elle se retourna vivement.

« Hey, vous ne pourriez pas faire attention ?! »

Shani eut à peine le temps de voir une silhouette se baisser. Suivant du regard son geste, elle constata la présence d’un homme à la peau si sombre qu’elle lui sembla presque noire, aux cheveux azur et aux vêtements qui ne ressemblaient en rien à ceux des xiannois. Il grommelait en ramassant deux carnets avant de se redresser et d’en tendre un à Shani.

« Pardon, j’essayais de m’extraire de la foule, je ne pensais pas qu’il y aurait quelqu’un d’immobile derrière.

— Hum… C’est rien. Je suis désolée de m’être emportée.

— Bref… Tiens, c’est la statue sur votre carnet ?

— Oui, j’étais en train de la dessiner pour l’étudier.

— Oh, vous êtes là pour étude, vous aussi ?

— Oui et non. Mais si vous dites ‘vous aussi’, c’est que vous, vous êtes là pour ça.

— En effet, mon roi m’a envoyé participer à cette fête afin de lui faire un rapport complet de ce qu’il s’y passe.

— Ooookay… Je ne suis pas certaine de comprendre ses intérêts, mais c’est pas mon problème. Vous venez d’où ?

— De Bernaol. »

Shani sembla réfléchir. Il lui fallut quelques secondes de réflexion pour réaliser où se trouvait ce pays.

« Mais… C’est à l’autre bout de Maeryah !

— Oui, j’ai fait un assez long voyage. Mais et vous ?

— Je viens de Dralis, mais je ne suis pas là spécialement pour la fête. C’est même plutôt un hasard. En fait, avec ma sœur et un… euh… ami, on va dire, on fait le tour du monde.

— C’est ambitieux, mais courageux. Vous n’êtes pas encore allé à Bernaol je suppose.

— Non, en effet. Xian-Tia est le premier pays qu’on visite. Après on va à Sedatt il me semble. Il nous restera Meln avant d’atteindre Bernaol.

— Vous n’êtes pas près d’arriver alors. Au fait, je m’appelle Marius Goedrick et j’espère bien être connu dans tout le pays avant votre arrivée alors retenez bien mon nom.

— Oookay… Moi c’est Shani. Juste Shani. Je vais essayer de retenir votre nom, mais attention, si je ne trouve pas de trace de vous à Bernaol, ça ne va pas le faire. » plaisanta-t-elle.

Mais Marius le prit plutôt comme un défi et lui jura qu’il serait connu avant même qu’elle mette un pied à Meln. Shani finit par marcher dans son sens et petit à petit, le courant passa bien entre eux. Leur but commun d’en apprendre plus sur la fête les incita à travailler en duo et mutualiser les informations recueillies, si bien qu’ils passèrent leur journée ensemble à étudier.

De son côté, Kashyl profitait de la fête pour lui aussi tisser des liens… mais ils étaient d’un autre genre. Les fêtes étaient toujours d’excellents prétextes pour s’amuser de plusieurs manières et lui en avait une bien particulière en tête. Se faufilant dans la foule dansante, il se mit à proximité d’un groupe de femmes et dansa dans l’unique but d’attirer leur attention et les séduire. L’une d’entre elles sembla réceptive et s’approcha du dralisien en dansant. Ils firent plusieurs danses ensemble avant que Kashyl ne l’invite à se désaltérer avec lui dans une taverne. La jeune femme accepta et ils s’installèrent à une table, alcool de fruit en main.

« Alors ma jolie, tu vis ici ?

— Oui, depuis toujours. Mais parlons plutôt de toi, d’où viens-tu ? »

Cela gonfla l’ego de Kashyl qui étira ses lèvres en un sourire séducteur.

« Je viens de Dralis. J’ai fait un long voyage jusqu’ici afin de participer à cette fête.

— Oh, Dralis ? C’est comment ?

— Plein de sable, je ne vois pas quoi dire de plus. Nous sommes des peuples nomades, nous n’avons que quelques villes fixes contrairement à ici.

— Oh, ce doit être si différent !

— Ça l’est, c’est sûr ! Par exemple… »

Et ainsi, Kashyl partit dans de longues explications enjolivées afin de faire rêver sa jolie locutrice. Cela marcha à merveille et elle s’enthousiasma de ses récits. Mais alors qu’il allait entamer un nouveau sujet, la jeune femme avec qui il avait passé du bon temps la veille s’approcha, avec deux autres femmes.

« Bonjour Kashyl !

— Bonjour ma belle Ten-ma ! Quel plaisir de te voir !

— Quel flatteur ! On dirait que tu as fait une nouvelle rencontre, je dérange peut-être ?

— Jamais voyons ! Joignez-vous donc à nous les filles. On peut très bien s’amuser tous ensemble si vous le souhaitez. »

Ten-ma eut un sourire entendu tandis que les trois autres femmes mirent plus de temps à comprendre le sous-entendu. Cependant, elles furent bien vite partantes pour expérimenter en groupe. Ten-ma les mena jusqu’à chez elle pour qu’ils puissent profiter de cet instant en toute intimité.

Après plusieurs heures à profiter, le groupe alla danser, boire et manger, restant tous ensemble. Si bien que même le soir venu, il resta avec les filles plutôt que de rejoindre les deux sœurs.

Arte et Shani se retrouvèrent au point de rendez-vous comme prévu. Elles y patientèrent un certain temps puis décidèrent de rentrer sans Kashyl jusqu’à l’auberge.

« Tant pis pour lui !

— À coup sûr, il s’est trouvé un poulailler et qu’il se pavane avec ses poules !

— Ça lui ressemblerait bien oui. » admit Shani en riant. « Laissons-le avec sa basse-cour et allons manger, je meurs de faim ! 

— Moi aussi ! »

Les deux sœurs arrivèrent à l’auberge. Là, Mourn et Tarrhen les invitèrent à dîner avec eux, puis, apercevant Sayuki et Marius, Shani leur proposa de les rejoindre. Ainsi, tout ce petit groupe d’étrangers partagea un bon repas en discutant de la fête, mais également de leur pays respectif. Mués par leur instinct, Shani et Marius prirent des notes, ce qui amusa Arte. 

« Vous feriez un beau couple !

— N’importe quoi… » répondirent-ils en chœur, faisant rire les autres.

Shani les rejoignit finalement dans le rire, c’était vrai qu’ils avaient beaucoup de points communs. Elle espérait s’en faire un ami avec qui elle pourrait apprendre beaucoup. La soirée se déroula tranquillement jusqu’à ce que Kashyl les rejoigne puis qu’ils décident de se séparer pour aller dormir.

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