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A Travers le Monde – Chapitre 1

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Chapitre 1

Voilà plus d’une semaine que Shani a quitté Krift. A Xian-Tia, le climat était loin d’être le même qu’à Dralis. En effet, au lieu de sable s’étendant à perte de vue, il s’agissait de vallée plus ou moins verdoyante selon les zones qu’avait traversées la dralisienne. Au loin, à l’ouest, il lui semblait même apercevoir des monts lorsque le temps était clair. La température était bien plus douce, même trop fraîche pour Shani qui n’était pas couverte en conséquence. Elle aurait peut-être dû prévoir des vêtements plus chauds… mais la confection de vêtements était loin d’être sa spécialité et demander à d’autres aurait éveillés les soupçons. Alors elle passait le plus clair de son temps avec son unique couverture sur le dos pour se protéger du vent à peine tiède venant de son pays natal. Lorsque la nuit tombait, Shani se trouvait un endroit aussi abrité du vent que possible et sortait de son sac des piquets et toiles pour monter sa tente. Elle n’était pas bien grande, mais au moins elle lui permettait d’être à l’abri. Elle l’agrémentait d’un tapis et de différents coussins afin de se

mettre à l’aise. C’était long, mais nécessaire selon son propre jugement. Ceci fait, Shani récupérait dans son sac une sorte de lampe en cuivre finement ouvragée et activait la magie qu’elle enfermait afin de produire chaleur et lumière. Elle l’accrochait aux piquets puis s’accordait enfin un temps pour manger, reposant son corps de sa longue marche solitaire. Lorsqu’elle ne tombait pas de sommeil, elle sortait un parchemin et le lisait pour la centième fois avant de finalement réduire l’intensité de la lumière pour profiter d’un repos bien mérité. Et puis au matin, après un frugal repas, elle devait tout ranger, se maudissant longuement d’en sortir autant, avant de repartir. Shani avait beau râler, elle recommençait le soir même, établissant peu à peu cette routine.

Depuis deux jours, Shani avait l’impression de tourner en rond… Et c’était un fait. Depuis tout ce temps, elle tournait autour d’un petit village xiannois qui lui sembla fort accueillant lorsqu’elle le vit enfin. Remplie d’un nouvel entrain, elle se dirigea le pas joyeux vers lui. C’était le premier qu’elle croisait, tout comme des habitants. Pas l’ombre d’une carriole durant sa marche… Pas l’ombre d’une route non plus, et pourtant, elle avait bien les pieds sur l’une d’elle en ce moment même. Peut-être aurait-elle dû suivre celle quittant Krift à son départ au lieu de vouloir couper en travers… Enfin, cela ne lui semblait pas important ! Elle s’approcha des maisons faites de torchis blanchi aux toits de chaume, apercevant quelques silhouettes. Le chemin de terre s’engouffrait dans le village, menant à une place carrée qui semblait être le point central des lieux. Les habitants regardaient la peau noire de Shani avec curiosité, certains s’échangeaient quelques mots en murmurant, et d’autres vinrent la voir, accueillant.

« Bonjour mademoiselle ! Et bien, vous avez pris le soleil !

— On peut dire ça… » répondit Shani en riant, un peu gênée par la remarque. « Je viens de Dralis.

— Je l’aurais parié ! Et bien… bienvenue à Xian-tia et dans notre joli village de Shi Duo. Vous faites du tourisme ?

— Merci ! En fait, je veux visiter tout le continent alors je ne suis que de passage.

— Et bien, sacré programme ! Vous voulez rester ici pour la nuit ? On a une petite auberge. D’ailleurs, il y a une autre jeune femme de Dralis qui y loge en ce moment.

— Oh, sérieux ? Euh je veux dire, avec plaisir !

— Venez, je vous emmène ! »

L’homme, un quarantenaire bedonnant, lui fit un signe de main et se mit en marche. Shani le suivit en se demandant qui pouvait bien se trouver là. C’était une sacrée coïncidence de retrouver quelqu’un de Dralis dans ce village alors qu’il devait y en avoir d’autres pas si loin.

« Peut-être que c’est quelqu’un des chasseurs. » songea Shani. « Je sais qu’ils vont régulièrement à Xian-tia pour récupérer du bétail. Mais comment ils ont pu arriver avant moi ici alors qu’ils faisaient la fête à Krift ? Etrange… peut-être une personne n’aimant pas la fête, même si c’est encore plus étrange en y réfléchissant. »

Shani se frottant le menton en pensant à tout cela. Happée par ses songes, elle ne remarqua que tardivement que l’homme s’était arrêté et manquant de lui rentrer dedans.

« C’est ici ! » lui déclara ce dernier. « Entrez, je vous prie !

— Oh, merci ! »

Shani passa la porte que lui avait ouverte l’homme. A l’intérieur, tout était calme même si un musicien jouait de la lyre dans un coin pour offrir un peu d’occupation à ceux qui mangeaient là. L’endroit était loin d’être bondé, les personnes attablées pouvaient se compter sur les doigts d’une main, alors Shani prit le temps de tous les observer. Lorsque son regard tomba sur l’autre dralisienne, elle se figea, bouche-bée.

« Arte ?!

— Shani ! » s’écria celle-ci entre surprise, soulagement et colère.

La fugueuse rentra sa tête dans ses épaules, comme si elle s’attendait à se faire réprimander avec sévérité.

« Q-qu’est-ce que tu fais-là ?

— Je te retourne la question ! Et c’est quoi ça ? »

Arte brandit une lettre que la fautive reconnut aussitôt.

« Bah…

— Oh, vous vous connaissez on dirait…

— C’est ma sœur…

— Je vous laisse à vos histoires de famille alors ! »

L’homme bedonnant partit en vitesse, ne voulant pas se retrouver entre elles. Shani aurait pourtant préféré qu’il reste pour ne pas affronter la grondante colère de sa sœur. Celle-ci se rapprocha d’ailleurs au point de coller la lettre au nez de sa sœur.

« Alors ?

— Tu l’as lue, tu le sais bien…

— Ne te fais pas plus idiote que tu l’es déjà ! Tu sais très bien ce que je te demande.

— Oh Arte, tu sais très bien que je ne rêvais que de ça de partir ! Alors j’ai saisi cette occasion. J’ai été sympa, j’ai laissé une lettre.

— Encore heureux ! » cria Arte dans les oreilles de Shani qui tituba. Puis elle reprit, se calmant. « Non, mais franchement… tu ne pouvais pas juste nous le dire de vive voix ?

— Vous m’auriez empêché de partir.

— C’est possible.

— Hey, mais du coup, qu’est-ce que tu fais là ?

— Et bien je suis partie te chercher… Et finalement, c’est toi qui m’as trouvée. Aller, viens t’asseoir. »

Arte retourna à sa table et tapota la chaise près d’elle. Shani déglutit et s’installa pour écouter la petite histoire de sa sœur. Arte lui raconta que c’était elle qui avait trouvé la lettre en venant voir si elle s’était couchée. Elle avait aussitôt prévenu leurs parents et décidé de partir à sa recherche. Elle avait longé la route et avait fini par croiser une caravane marchande de Xian-tia qui lui proposa de l’emmener jusqu’au premier village sur leur route après avoir écouté ses explications. Cela faisait deux jours qu’elle était arrivée et préparait la suite de son voyage pour retrouver sa sœur… Et finalement, c’était par hasard dans cette auberge qu’elle était tombée sur elle.

« Quoi qu’il en soit, tu as eu tort de partir comme ça ! On s’est tous inquiétés pour toi, mais ça, tu t’en fiches !

— C’est faux, si je m’en fichais je n’aurais pas laissé de lettre, je t’interdis de dire ça. Mais quoi que tu dises, tu ne me feras pas rentrer, pas question !

— Je sais, c’est pour ça que je vais t’accompagner.

— Rien de ce que tu diras ne me fera changer d’av– Attends, quoi ? Qu’est-ce que tu viens de dire ?

— Que j’allais t’accompagner. » répéta Arte, très sérieuse. « Si tu pars seule, tu ne vas pas arrêter de te perdre et je serai déjà morte depuis un siècle que tu ne seras toujours pas rentrée.

— Oh tu exagères, je ne me perds pas si souv– bon d’accord, tu as raison. Mais je suis surprise que tu m’accompagnes, je pensais que tu me ramènerais par la peau des fesses.

— J’ai hésité, c’est vrai… Mais depuis le temps que tu parles de partir… Je ne peux pas juste t’empêcher de voyager, en plus tu repartirais dès que tu en aurais l’occasion.

— C’est vrai… Alors… on va voyager ensemble, c’est super ! Je t’avoue que je me sentais un peu seule. »

Arte et Shani échangèrent un sourire puis s’enlacèrent. Comme il était bon pour elles de se retrouver ! La surprise et le soulagement des retrouvailles passés, les deux sœurs décidèrent de préparer ensemble la suite du voyage. Arte s’était procurée une carte du continent auprès de l’un des marchands de la caravane, ce que Shani loua. Elle n’avait jamais été douée pour se repérer avec une carte alors elle n’avait pas pris la peine d’en prendre une dans son sac pour partir. Mais avec Arte, les choses seraient différentes désormais. Elles établirent ensemble un itinéraire clair qui pourrait leur permettre de voir le plus de choses possibles sans tourner en rond. Puis après cela, elles allèrent proposer leurs services contre de l’argent, des vêtements et des vivres pour préparer leur départ du lendemain. Cette journée éreintante s’achevant, elles dînèrent à l’auberge au son de la lyre puis allèrent dormir. Mais avant de trouver le sommeil, Arte envoya un oiseau-messager à ses parents afin de les avertir de la situation. Elle se doutait qu’ils seraient mécontents, mais rassurés de savoir qu’elles s’étaient retrouvées. Elle espérait simplement qu’ils ne se mettent pas en tête de les retrouver et d’interrompre leur voyage.

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